Retour sur les échanges de la journée du 29 juin 2020
Les blés paysans sont des variétés populations, c’est-à-dire selon le Réseau de Semences Paysannes (RSP) « des variétés composées d’individus exprimant des caractères phénotypiques proches mais présentant encore une grande variabilité leur permettant d’évoluer selon les conditions de cultures et les pressions environnementales ».
Ainsi, leur utilisation pourrait permettre de retrouver une certaine autonomie alimentaire du territoire. Dans une optique d’agro-industrie, les variétés de blés du catalogue officiel ne réalisent pas leurs objectifs de rendements : les conditions pédo-climatiques du Pays Basque, avec des hivers relativement doux et des printemps humides, ne permettent pas à ces variétés d’exprimer tout leur potentiel de hauts rendements. De plus, ces variétés ont été sélectionnées sur certains critères, comme le taux de protéines, facilitant la standardisation des farines et donc des produits final (pâtes, pain…). A l’inverse, les variétés de blés paysans pourraient permettre de répondre à d’autres objectifs : celui de la souveraineté alimentaire du territoire, de l’adaptabilité à un terroir particulier et de la boulangerie artisanale.
Le projet de travail sur les variétés de blés paysans s’articule autour des demandes de paysans en agriculture biologique locaux, qui voulaient retrouver la culture de blés, notamment avec les objectifs précédents.
C’est ce dont il a été question la journée du 29 juin 2020 : qu’est-ce qu’une semence paysanne, à quoi ressemblent certaines populations de blés paysans, comment sélectionner les blés pour en faire de la semence, l’importance de la gestion collective des semences populations etc.
Une plateforme de test de variétés de blés paysans a été mise en place depuis 2 ans. Elle permet, grâce à un criblage des variétés, de caractériser et sélectionner les variétés qui semblent les plus adaptées au territoire Basque.
Trois intervenants ont permis d’alimenter le débat : Daniel Larroque, paysan meunier de Pétanielle) ; Madeline Carlin, animatrice au RSP ; et Isabelle Goldringer, chercheuse à l’INRA Le Moulon (Paris).
Daniel nous a expliqué son parcours, sa démarche vis-à-vis de l’utilisation de semences paysannes, ainsi que certains points de ses itinéraires techniques.
Isabelle a fait un point sur l’état de la recherche sur la sélection participative, en nous parlant notamment d’un projet lancé depuis 2005-2006 avec la participation de Jean-François Berthelot. Tout ce projet s’inscrit dans une démarche de recherche participative, dont le but est de répondre aux demandes des paysans et d’apporter un support scientifique avec une analyse plus globale des pratiques et la publication d’articles scientifiques.
Madeline nous a invités à réfléchir sur la notion de communs, de travailler en collectif. Voici quelques mots clés qui en sont ressortis : « le vivant », « diversité », « une histoire et des valeurs communes », « échange », « problèmes de communication », « communs vs collectif », « solidarité » et encore bien d’autres.
Journée enrichissante, elle nous a permis d’approfondir nos connaissances en terme de variétés populations, ainsi que d’échanger entre nous sur les pratiques qui les entourent.