Retour sur la journée d’échange sur la filière ovin lait basque Ardi esnedunen egunaren bilana

Le vendredi 9 octobre 2020 a eu lieu une journée d’échanges sur la filière ovin lait basque, à travers la restitution à des éleveurs de deux stages qui ont eu lieu cette année à B.L.E et à l’A.F.O.G.

Marine JAUNARENA a mené une étude pour l’A.F.O.G et B.L.E sur une douzaine de fermes bios du Pays Basque Nord. Son objectif était de recueillir et d’analyser des interviews pour mieux comprendre les systèmes ovins lait en AB et donc mieux accompagner les futurs installations ou passage de fermes vers l’AB.
Une exploitation agricole peut être considérée comme un système à part entière, comportant de nombreuses dimensions qui ont trait : à la·au paysan·ne (compétences, finalités, relations sociales...) ; à son contexte environnemental, économique et social (culture, environnement, durabilité...), ainsi qu’à son organisation (rentabilité économique, technique, gestion...).
Le changement de système qu’implique un passage à l’AB se fait à différents niveaux et s’effectue en différentes étapes : pour être réussi, il demande de connaître les conséquences de ce changement sur son système initial ; d’anticiper la façon dont les dimensions composant un système vont évoluer. Une fois cet état des lieux dressé, la·le paysan·ne doit comprendre les enjeux de ce changement à chaque niveau, puis y adhérer. Cela lui permettra de mettre en action concrètement ce changement, voir au bout de quelques années de transmettre son expérience.
Les résistances au changement peuvent être de différentes natures : techniques, économiques ou mentales. D’où la nécessité de bien comprendre et adhérer aux enjeux de ce changement. "Contrairement à ce que les gens pensent généralement, les subventions obtenues par les exploitants en AB ne sont pas supérieures à celles obtenues par des exploitations en conventionnelles. (...). Le principe de l’AB est de maximiser la marge obtenue en minimisant les charges. Pour cela, les fermes visent l’autonomie plutôt que la production", JAUNARENA, 2020.

Léa TAJAN a mené une étude pour B.L.E avec pour objectif de faire un état des lieux de la filière agneaux de lait bio au Pays Basque. Pour cela, elle a interviewé 34 fermes pour l’état des lieux, puis 10 éleveurs sur leur commercialisation, représentatifs de la diversité des exploitations basques.
Il en ressort que la commercialisation des agneaux en bio est quasi-inexistante : les circuits longs approvisionnent principalement le marché espagnol et n’ont pas besoin de mettre en avant cette caractéristique, seule la vente directe le fait. D’autre part, il y a aussi une méconnaissance des consommateurs de cette filière, qui n’est pas traditionnelle en France. Pour autant, le potentiel est là avec des produits de qualité et un bon retour des clients !
Toutes les fermes enquêtées passent par un négociant ou par une coopérative pour la vente de leurs agneaux. "Elles sont 21, soit 62 % à cumuler ces circuits longs avec des circuits courts, en vente directe, de quelques agneaux par an à une part plus conséquente", TAJAN, 2020. Alors que les circuits longs permettent d’écouler un nombre important d’agneaux de manière sûre sans pour autant les valoriser en AB, les circuits de proximité permettent une meilleure valorisation financière par la plus-value en bio qu’ils permettent, mais demandent une disponibilité non négligeable.
"Les coûts de commercialisation de l’agneau de lait sont automatiquement plus importants en circuits courts. Il faut en effet prendre en compte la multiplication des déplacements que la vente directe induit (double déplacement à l’abattoir, livraison...), mais aussi les frais de prestations nécessaires (abattage, découpe, mise sous vide). Les coûts imputables aux circuits longs sont moindres, ils concernent "seulement" l’aller-retour au point de collecte et les frais de pesée.", TAJAN, 2020.
En fin d’année, pour les fêtes de Noël, la demande espagnol pour des agneaux de lait est importante : les recettes dégagées des ventes d’agneaux en circuits longs ou en vente directe sont alors quasi-équivalentes. Cependant dès janvier, les prix d’achats des agneaux en circuits longs baissent, jusqu’à Pâques. Ainsi, la plupart des éleveur·se·s enquêté·e·s passent par le négociant ou la coopérative à Noël puis par la vente directe à partir du moment où les prix chutent. En vente directe, les agneaux sont commercialisés plus lourd, autour de 13-14 kg et sont donc gardés par l’éleveur·se plus longtemps, ce qui augmente les coûts de commercialisation par agneau.
"Au-delà des prix de d’achat des agneaux plus ou moins rémunérateurs, la distance à parcourir, mais aussi l’allotement, sont des facteurs non négligeables et à prendre en compte pour minimiser les coûts de commercialisation et améliorer sa rémunération par agneau.", TAJAN, 2020.

Suite à ces présentations, des débats ont été lancés entre les participants de la journée, autour des attentes vis-à-vis d’un accompagnement à la conversion en agriculture biologique, ainsi que sur les pistes de réflexion et de travail pour mieux valoriser l’agneau de lait issu de pratiques en agriculture biologique.