"Entrée du personnel : immersion dans un abattoir" est un documentaire de Manuela Fresil, tourné en 2011 et primé plusieurs fois. Il nous parle des conditions de travail des ouvrier·ère·s dans les abattoirs industriels, à partir des témoignages de certain·e·s.
"Des images fascinantes par la répétition robotique des gestes à des vitesses qui semblent irréelles. Dès les premières séquences, on voit des ouvrières se saisir des poulets encore et encore, les ficeler, les empaqueter, les étiqueter à un rythme infernal que n’aurait pas imaginé Charlie Chaplin quand il tournait ses Temps modernes", extrait du résumé de ce documentaire par les cinémas Utopia.
L’industrialisation du vivant, ou comment les êtres vivants sont considérés comme des machines. La construction des êtres vivants est bien plus complexe que celle des machines.... On calcul des rations pour les animaux en fonction de leurs besoins et surtout de ce qu’on veut être leur niveau de production ; on calcul des apports d’engrais minéraux pour les végétaux en fonction de leurs besoins et idem, surtout du rendement qu’on veut obtenir. Un problème, une solution.
Pourtant, le système industriel ne s’arrête pas là : dans les êtres vivants, il y a aussi les humains. Ce documentaire nous montre les conditions de travail dans les abattoirs industriel. Là encore, les humains y travaillant ne sont pas considérés comme des êtres vivants dans leur complexité, mais plutôt comme des robots interchangeables.
Ce documentaire est en libre accès : https://www.youtube.com/watch?v=LlavHzWJhsA
Voici quelques extraits de témoignages :
- "On était motivé pour faire plus, mais fallait toujours faire mieux. Moi je disais aux gens "Il faut aller plus vite", parce que si l’entreprise elle gagne plus nous on gagnera mieux. Et puis, avec la nouvelle machine qui va arriver vous serez moins fatigués le soir, parce que vous n’aurez plus rien à porter. La chaîne, à chaque fois ça a durci au lieu d’améliorer le travail des gens. A chaque fois on nous disait "C’est une amélioration". Alors oui, une amélioration mécanique, mais une destruction, une destruction un petit peu humaine quoi."
- " Mon mari me dit que j’ai changé. C’est vrai j’m’en rend compte, je deviens dur. J’suis devenue indifférente aux autres. Maintenant ça me fait plus rien de voir du sang. J’peux aller voir les frigos, les têtes suspendues ça m’fait plus rien. Au tout début quand j’étais pas habituée je faisais tout le temps des cauchemars. J’rêvais d’la chaîne. Mais c’était plus des cochons qui étaient pendus, c’étaient des êtres humains. C’est la viande qui fait ça."
- " J’ai commencé à l’âge de 18 ans. Le premier jour un choc. C’est la cadence de tuerie qui fait que c’est violent. J’m’attendais quand même pas à quelle vitesse on voit les vaches se faire tuer. C’est pan, pan, pan. ça s’arrête pas. C’est une bête qui meurt toutes les minutes. Si ça avait été moins rapide, j’pense que j’aurais eu le temps de digérer la première vache avant de voir la deuxième se faire abattre."
- " On a un cauchemar parce qu’on a du mal à s’y faire. Les trois premiers mois dans c’machin on a du mal. Le parfum déjà, s’acclimater au parfum. Et...à l’ambiance. C’est pas l’ambiance d’une autre usine."
Le 29 avril 2021, une enquête policière révèle des emplois dissimulés par le sous-traitant Continental-Désoss à l’abattoir de Lahontan.... Derrière ces emplois, majoritairement des migrants sans papiers, encore plus durement exploités. (cliquez-ici pour davantage d’informations).
Au Pays Basque, un groupe d’éleveur est en train de se constituer autour de la question de l’abattage de ruminants à la ferme, via un caisson mobile. Cela repense non seulement le rapport de l’éleveur à ses animaux, mais aussi plus globalement notre rapport à nos animaux...